Le 19 février 2018, au journal de 13 h de France2, le problème des erreurs médicales a été abordé. Comme toujours, on demande à un médecin, Jean Daniel Flaysakier, d’expliquer ce qui se passe et comment éviter ces événements.
Demander à une personne qui a contribué à une démarche d’en corriger les excès est exactement ce qu’Einstein déplorait : « Les grands problèmes auxquels nous faisons face ne peuvent être résolus en suivant le raisonnement qui a contribué à les créer. ».
Pourtant (...)
Avant d’entrer dans le thème des erreurs conjoncturelles ou structurelles, je dirais qu’il y a des signaux en amont : les pensées ou les gestes mal à propos qui, en se regroupant, aboutissent à des erreurs bien concrètes. Ces erreurs en perceptions, déductions, appréciations font qu’elles prennent de plus en plus de place et atterrissent (viennent à terre !).
Que signifie « erreur ». Comme le mot l’indique, il y a errance, errer. A distinguer de la "faute" dont l’étymologie est « falta » le manque. Ou encore le "péché" dont on ne connaît que trop le sens religieux alors que ce mot vient de l’hébreu et signifie tout simplement « mauvaise visée ».
Avec l’erreur, on perçoit qu’il manque des jalons, des points de repère. On se lance trop vite dans l’action, au lieu de rester dans une attitude réceptive pour capter le plus d’éléments possible de la situation présente.
Dans la faute, on constate un manque. Celui-ci peut se révéler à plusieurs niveaux : manque de moyens, manque de forces, manque de temps etc
Dans mauvaise visée, on voit que l’on a mis ses œufs dans le mauvais panier, d’où une omelette de mauvais aspect et probablement de mauvais goût !
La perception de ces différents paramètres permet de mieux rectifier le tir, de trouver de nouveaux moyens, de rencontrer des personnes plus appropriées à résoudre les situations.
Si nous prenons en exemple les erreurs médicales, on voit que trop souvent maintenant, la médecine s’appuie à étiqueter les processus morbides plutôt qu’à traiter l’être humain dans toute son envergure et ses interrelations organiques. De plus, quand il y a des signaux avertisseurs, on n’en tient souvent pas assez compte car la décision du départ n’est pas remise en cause.
Un exemple patent et très parlant : Une jeune femme va se faire opérer en clinique privée pour une varice :
Le chirurgien « se trompe » (ce serait intéressant de savoir tout ce qu’il y avait en amont) et coupe l’artère principale de la jambe. La patiente se plaint beaucoup, donc on lui donne des calmants. Quand on est obligé de constater l’effet de l’anoxie de la jambe, la patiente est transférée à l’hôpital universitaire mais il est trop tard et il faut l’amputer.
Ce qui est à souligner dans cet exemple, c’est l’ensemble des paramètres concernés qui ont été mal évalués et ont abouti à l’amputation.
Vous évoquez le problème structurel : Plusieurs paradigmes entrent en jeu. Tels que je les perçois, ils se situent pour moi sur plusieurs plans comme le côté conceptuel de l’être humain avec ses fonctionnements dans plusieurs dimensions, ses réactions pathologiques en réponse à des agressions elles-mêmes multiples. En face de quoi nous avons les essais de compréhension des thérapeutes, des applications dans leurs thérapies et des influences de leurs enseignants (pas toujours des Maîtres…). Sur quoi domine la mentalité de la période en cours, avec les courants politiques, économiques et juridiques qui, étant très matérialistes ont tendance à tout concrétiser, ce qui fige beaucoup les dynamiques en jeu. Lesquelles s’éloignent ainsi des lois de la vie toujours mobile et sujette à transmutations.
Tant qu’on ne veut pas revoir les idées, les concepts auxquels on obéit, effectivement on tombera souvent à côté des réels besoins et souffrances des êtres humains.