Depuis de nombreuses années, je dénonce cette idée absurde de médecine complémentaire. Actuellement, c’est le concept de médecine intégrative qui émerge mais qu’est-ce qu’il recouvre ?
L’idée d’une médecine complémentaire suppose deux prémisses :
Tout d’abord, seule la médecine moderne détermine quelle pratique peut être complémentaire. Elle s’arroge ainsi, du fait de sa prééminence, le droit de dire si une pratique est digne d’être utilisée. Bien sûr, si cela devait être le cas, elle ne pourrait l’être que dans le contexte d’un complément ou dans un principe de sujétion d’une médecine mineure devant une médecine majeure. Il faut entendre ces termes en fonction de l’idée d’importance (+ et -) mais aussi de domination de l’adulte sur l’enfant. Ce qui montre toute l’arrogance qui s’attache au concept de médecine complémentaire.
C’est ici qu’intervient une idée paradoxale ? En quoi une médecine qui se veut performante aurait-elle besoin d’une médecine mineure ? La médecine occidentale génère tellement d’effets secondaires qu’elle est incapable de soigner les petites maladies ni d’éviter les graves désordres que les traitements lourds occasionnent. C’est ainsi que ces médecines mineures, pourtant à même de faire ce qu’une médecine majeure s’avère incapable de réaliser, sont déclarées insuffisantes pour soigner des maladies sérieuses. Elles continuent d’avoir besoin de l’imprimatur d’un censeur médical. Ce point est d’autant plus choquant que c’est la très jeune médecine occidentale qui voudrait valider des pratiques plus anciennes et même la médecine chinoise pourtant infiniment plus ancienne et, dans le cas de la Chine, très largement majoritaire.
L’idée de médecine intégrative se veut plus respectueuse mais, malheureusement, les réflexes de pouvoirs sont toujours présents. Il ne saurait être question de lâcher une quelconque parcelle de domination ! C’est ainsi que l’on découvre un discours paternaliste fondé sur un consentement condescendant. Il ne s’agit de rien d’autre que d’un habillage auquel le monde technologique et financier nous a habitué. On retrouve cette méthode pour d’autres domaines quand il s’agit de faire oublier des pratiques chimiques décriées avec les termes d’« agriculture raisonnée » ou de « greenwashing ». Cette conférence de Patrick Shan montre avec beaucoup de subtilités le paradoxe de la médecine intégrative mais aussi, même si c’est sous-jacent, les impasses d’une telle démarche.
Conférence de Patrick Shan au congrès mondial de médecine intégrative de Guangzhou en Chine (décembre 2017).
Grand merci de nous avoir fait part de cette vidéo de Patrick Shan. Son langage est limpide et ce praticien transmet des données fondamentales. Je souligne sa réflexion très pertinente que les méthodes "scientifiques" actuelles ne sont vraiment pas appropriées pour détecter l’efficacité des autres médecines.
C’est comme d’imposer un test d’écriture en français à un enfant chinois et décréter qu’il est illettré car il ne répond pas à la demande.
Je pense que le concept de médecine complémentaire a sa place quand il s’agit d’une thérapie partielle, reconnue pour telle par ses praticiens eux-mêmes.
J’aime le terme italien d’altre medicine qui parlent d’autres médecines, sans les cataloguer.
Je distingue les médecines alternatives qui prennent en compte l’ensemble du patient et qui sont de vraies alternatives à la médecine officielle. Comme la médecine anthroposophique, la médecine traditionnelle chinoise ou l’homéopathie.
Toutefois actuellement, bien des personnes les utilisent en complément, ne prenant en compte qu’une parcelle des moyens de ces médecines globales. Cela donne de la picothérapie (on met des aiguilles sur des points réputés( ou encore de l’allopathie avec des granules homéopathiques quand on les prescrit selon le principe du diagnostic morbide.
Je perçois 2 catégories de médecine intégrative :
L’une qui joint plusieurs prescriptions selon des critères de diagnostic allopathique, les additionnant à la fin d’une consultation.
L’autre dont le thérapeute possède beaucoup de moyens thérapeutiques et axe sa démarche sur le geste adéquat au moment opportun.
J’ai observé que la catégorie "médecine complémentaire" est aussi maintenue par ceux qui la pratiquent dans leur domaine bien délimité, se contentant de constater que le patient se sent mieux après la séance, mais sans réelle vision du processus intérieur de l’être humain.