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MÉDECINE ET RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT, QUELLE FORMATION POUR LES MÉDECINS ?

lundi 20 septembre 2010 , par Yvette Parès


La réalité dans le domaine thérapeutique n’apparaît pas encore clairement mais elle va se frayer un chemin et finira par s’imposer.

Les médicaments issus de la clinique et salués comme un immense progrès n’ont devant eux qu’un avenir confus, ils ne traverseront pas les siècles ni les millénaires.

Très peu de temps a suffi pour montrer leurs défaillances : effets indésirables, maladies iatrogènes, multiples incompatibilités, posologies standardisées, traitement des symptômes, des signes extérieurs sans véritable guérison, passivité des patients qui attendent tout de « pilules miracles ».

Mais un fait nouveau est venu perturber l’univers chimique, la mise en évidence du caractère polluant de tous les produits synthétisés par les laboratoires.

Pour l’instant, aucune réaction ne se manifeste à l’exception de quelques esprits avancés qui évoquent la nécessité d’une « médecine écologique ». Elle ne pourra se réaliser qu’avec le retrait, à plus ou moins court terme, des médicaments chimiques.

Les laboratoires pharmaceutiques ont certainement perçu cette évolution inéluctable et envisagent maintenant la production de médicaments par biotechnologie.

Quelles nouvelles dérives vont-ils encore provoquer ? Pourquoi prendre ces chemins compliqués, onéreux et incertains quand la nature offre à profusion ainsi qu’en témoignent les médecines traditionnelles, les moyens de soulager les souffrances et de guérir. Cette attitude demande un savoir préalable que la médecine officielle ne détient pas, qu’elle a négligé d’acquérir, l’estimant dépassé.

La situation est préoccupante. On ne peut envisager un vide thérapeutique désastreux qui suivrait l’abandon des remèdes chimiques. Il ne servirait à rien d’enfouir la tête dans le sable pour ne pas voir le danger. La réalité doit être regardée en face et inciter aux démarches indispensables, aux initiatives à mettre en œuvre dans les meilleurs délais

LES INITIATIVES

Elles se situent sur plusieurs plans.

  • Informer largement le grand public afin de rompre les illusions et de ne pas entretenir un faux sentiment de sécurité.
  • Créer dans tous les pays d’Europe des groupes de phytothérapeutes et naturopathes ayant pour objectif d’élaborer des solutions de rechange.
  • Mettre en relation ces différents groupes afin de partager connaissances et suggestions et de conférer une vaste importance européenne à ces travaux.
  • Réformer le programme des études médicales dans les universités.
    Il s’agit là d’un point capital. A quoi serviraient des solutions thérapeutiques de rechange, basées sur la nature, si les médecins n’étaient pas préparés à les comprendre et les prescrire.
    La médecine officielle s’est coupée des richesses des flores médicinales. Elle veut créer l’illusion d’un lieu avec le recours aux « principes actifs ». Il s’agit en réalité d’une dérive de l’esprit scientifique, réducteur qui se focalise sur un point en négligeant le tout.
    Dans ce cas précis, il oublie l’interdépendance de tous les principes bénéfiques élaborés par le végétal, le principe majeur étant modulé dans son action par les autres principes qui l’accompagnent.
    Malgré les difficultés de la tâche, la remise en question des voies thérapeutiques du 20e siècle sera inéluctable.
  • Proposer un plan de réforme sur les points suivants :
    • Réduire l’importance données aux sciences fondamentales. Elles permettent la précision des diagnostics mais n’ont que très rarement une incidence thérapeutique. Elles font oublier que la médecine est d’abord l’art de soulager et de guérir.
      Un exemple concret illustrera ces propos. Quel est l’intérêt pour un médecin d’avoir étudié et appris « par cœur », pour les examens de fin d’année, à l’épreuve de biochimie, toutes les étapes de la synthèse du cholestérol avec l’ensemble des enzymes concernés ? Ce type de connaissances qui s’oublie rapidement n’apporte rien pour la pratique journalière.
    • Relativiser l’importance des examens complémentaires : analyses de laboratoire et imagerie médicale. Réapprendre à soigner avec plus de simplicité.
    • Redonner à l’examen clinique de même qu’à l’accueil, à l’écoute, aux paroles de réconfort, l’importance qu’ils revêtent pour le patient. La technicité ne décèle pas les causes profondes de la maladie.
    • Dans ce programme fortement allégé et libéré de l’enseignement de la thérapeutique chimique, consacrer de larges horaires à l’acquisition des ressources données par la nature. Les poins suivants seraient abordés :
    • Étude des plantes médicinales dans chaque pays d’Europe, avec des notions très claires sur leurs vertus bénéfiques
    • remise en honneur des remèdes anciens qui ont fait leurs preuves dans le passé.
    • étude des données phytothérapeutiques acquises à l’époque contemporaine.
    • redonner aux médecines la prérogative perdue en médecine chimique : l’initiative thérapeutique avec l’art de prescrire des formules magistrales.
    • Étudier les préparations médicamenteuses nouvelles qui seraient issues des travaux collectifs des groupes de phytothérapeutes et naturopathes d’Europe. Des laboratoires spécialisés en assureraient la production.
    • prévoir des sorties dans la nature afin de s’imprégner d’un esprit nouveau et de rechercher un chemin de sagesse d’une grande importance pour les soins aux malades.

REMARQUES

  1. Parallèlement aux réformes des études médicales, devrait s’opérer celle des études pharmaceutiques
  2. Le rétablissement du diplôme d’herboriste, formant des auxiliaires précieux pour la santé, libérerait les médecins du traitement des « petits malaises » pour se consacrer pleinement aux cas qui nécessitent toutes leurs compétences.

CONCLUSION

L’élaboration d’une médecine respectueuse de l’environnement est à mettre en place dans les meilleurs délais afin d’éviter le risque de vide thérapeutique qui suivrait l’abandon prévisible des molécules de synthèse au caractère polluant.
Ainsi serait assurée la santé des humains et des conditions d’existence sans danger pour toutes les formes de vie.

L’ampleur de la tâche ne doit pas décourager nos efforts mais unir toutes les compétences qui permettraient d’atteindre un objectif majeur pour l’avenir de la planète.

12.10.2009

Dr Yvette Parès

Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992

Dr ès-science

Dr en médecine

Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992

Directrice de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003

Yvette Parès fait ici une remarque fondamentale à propos de l’herboristerie. A travers le monde et à toutes les époques, l’art de soigner par les plantes est passé par la réalisation de formules magistrales. Malheureusement et c’est une dégradation de ces connaissances, nous nous orientons de plus en plus vers la prescription de plantes uniques. Chacune de ces plantes serait ainsi parée de tout une série de vertus.

C’est la transposition au monde de l’herboristerie de la pensée chimique où une seule molécule peut résoudre de nombreux problèmes. Comme c’est rarement le cas, on juxtapose plusieurs médicaments dans l’espoir bien illusoire qu’ils se complèteront.

Les médecins ou pharmacologues modernes continuent de penser en termes d’actions thérapeutiques. Donc, soit on choisit une plante qui possède l’ensemble des capacités que l’on recherche, soit on cumule les plantes capables de recouvrir le spectre des actions recherchées. Or, ce n’est pas ainsi que se prépare une formule magistrale. Elle est le résultat d’une élaboration équilibrée pour soigner non une maladie particulière mais plutôt un syndrome spécifique et surtout, elle reçoit une adaptation appropriée à la personne, en fonction de son état, de sa vitalité ou de l’ampleur de l’affection.

Ce sont des compétences qui sont en train de se perdre en occident mais que l’on peut néanmoins retrouver par les médecines traditionnelles à l’unique condition que nous laissions de côté l’arrogance à laquelle nous a conduit notre civilisation prédatrice.

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