« Fortifiant gouvernemental pour l’industrie pharmaceutique » Libération, L’Humanité
Eric Favereau rappelle à son tour dans Libération que « l’Assemblée devait adopter, hier dans la soirée, un projet de loi autour du médicament dont l’une des dispositions vise à “régir les actions d’accompagnement des patients soumis à des traitements médicamenteux, conduites par les établissements pharmaceutiques” ».
Le journaliste parle d’« amendement polémique permettant la publicité directe auprès des patients ».
Eric Favereau note que cette disposition « a provoqué un tollé, comme on en a rarement vu dans le monde de la santé ».
Le journaliste revient sur cette « vieille histoire [qu’est] celle de l’observance », notant que « de tout temps, le patient a pris son traitement à sa manière, c’est-à-dire avec plus ou moins de régularité et de sérieux ».
Eric Favereau relève que « pour bon nombre d’associations d’usagers, cela renvoie à la liberté du patient », mais rappelle que « dans les traitements au long cours, [...] la bonne observance est essentielle pour l’efficacité ».
Le journaliste cite notamment Pierre Chirac, de la revue Prescrire, qui remarque : « On ne comprend pas bien l’attitude du gouvernement. Aucun pays européen n’a légiféré sur cette question ».
Eric Favereau note que « Xavier Bertrand a assuré qu’il y aurait une série de garde-fous », mais le journaliste conclut : « Pourquoi ne pas mettre [ces programmes d’observance des traitements] sous la seule responsabilité de « réseaux de soin », et non des labos ? ».
L’Humanité relève pour sa part que le LEEM « défend la place du médicament dans la politique de la santé ».
Le quotidien indique en effet que le syndicat patronal « a soumis aux candidats [à la présidentielle] un manifeste intitulé “Le Médicament, un atout pour la France” ».
L’Humanité remarque entre autres que ce texte « pose comme principes que la santé soit considérée comme “la première ressource à garantir à la nation”, que le médicament soit reconnu comme “pivot du progrès thérapeutique” ».
Commentaires d’ACECOMED
Ce texte appelle plusieurs commentaires :
Tout d’abord, penser que « le médicament est un atout pour la France », montre quel rôle joue le médicament. Il est un élément économique et finalement presque exclusivement cela. Peut importe qu’il soigne ou qu’il pollue, ce qui compte, c’est de vendre beaucoup de médicaments.
Comment, dès lors que l’on parle d’éthique, peut on réduire le médicament à une marchandise qu’il faut produire et vendre en abondance et dans une logique de croissance ? C’est oublier le rôle qui lui est confié. S’il est destiné à soigner, il doit être utilisé jusqu’à la guérison du malade et espérons le, plus jamais ensuite. Or pourtant, les médicaments sont faits pour être utilisés le plus et le plus longtemps possible y compris pour des maladies qui n’existent pas encore et que l’on s’empressera d’inventer [1].
Que l’on vienne nous imposer des médicaments ou des vaccins, y compris par des voies coercitives, nous en avions l’habitude. Cela ne fait que renforcer l’idée d’une collusion entre les industries pharmaceutiques et l’État sur fond de soumission au lois du marché.
Pourtant, là où cet article est savoureux, c’est quand l’Humanité, journal communiste, en toute désinformation, vient réclamer au méchant capitaliste l’aumône de sa dose de médicament pour rassurer et surtout assujettir le bon peuple. Nous nous permettons de citer l’Humanité : « la première ressource à garantir à la nation » (et) que le médicament soit reconnu comme « pivot du progrès thérapeutique ».
Quand aux Verts, décidément complètement à côté du sujet, par la plume d’André Cicolella, naviguent entre plainte contre la malignité des laboratoires pharmaceutiques, qui comme Novartis intente un procès à l’Inde, ou qui harcèlent les patients pour qu’ils consomment les médicaments, et plainte parce que les malades du tiers monde ne pourraient plus obtenir les médicaments à bas prix. Il faut être clair : on a à faire à des voyous et on ne peut faire confiance ni à leurs pratiques ni à leurs productions. On ne peut pas dans le même temps, penser qu’ils ont des pratiques maffieuses ou comme le dit Philippe Pignarre qu’ils vont jusqu’à inventer des maladies pour écouler leurs produits et parallèlement croire que l’industrie pharmaceutique est là pour protéger l’humanité de la mort et de la maladie.
Cela nous conforte dans l’idée qu’il existe une voie alternative qui doit être développée et qui vit depuis trop longtemps dans une clandestinité l’empêchant d’exprimer ses capacités à soulager les malades. Dans le même temps, il faut croire que l’on peut et doit réserver la médecine technologique et les médicaments aux cas les plus aigus et aux urgences en particulier, mais comment être naïfs, et croire que les laboratoires se contenteront de cette maigre part. Et comment croire qu’un État soumis aux lois du marché acceptera de perdre une partie de cette industrie, fleuron de l’économie, même si la population en meure, écrasée sous les toxiques et sous les coûts engendrés.