Réflexions sur les programmes sanitaires mondiaux

 
  • mercredi 5 août 2009.
  • En 2001, l’Assemblée Générale des Nations-Unies, lors d’une session extraordinaire, a créé le Fonds Mondial de lutte contre la tuberculose, le paludisme et le sida avec un budget exprimé en milliards de dollars.
    Une déclaration solennelle « A crise mondiale, action mondiale » se voulait constructive. Mais quelles étaient les vraies réalités, les moyens disponibles à mettre en œuvre, les obstacles à écarter ? L’analyse de la situation concernant les trois fléaux sanitaires donnera les réponses !

    1- La tuberculose, en pleine expansion, est de plus favorisée par le sida, dont elle représente une des affections opportunistes.

    Sur le plan thérapeutique, les antituberculeux les plus anciens dits de première ligne ont donné de nombreux succès mais parallèlement ont provoqué l’apparition des tuberculoses résistantes puis multirésistantes, plus difficiles à traiter.

    Les antituberculeux de seconde ligne, plus toxiques, et moins actifs ont été appelés en renfort mais ont causé l’émergence des tuberculoses hypersésistantes et ultrarésistantes au caractère incurable. Dès 1998, l’alerte avait été donnée sur la nouvelle virulence du bacille tuberculeux.

    On peut imaginer les désastres qui auraient suivi la prescription d’antituberculeux de 3e ligne – s’ils avaient été disponibles – et que demandaient, dans un grand aveuglement, des organismes humanitaires.
    Les défaillances de la médecine officielle contre cette redoutable maladie apparaissent nettement. Aucune voie thérapeutique nouvelle, efficace et sans danger ne peut être proposée.

    2- Le paludisme se heurte à des difficultés similaires. Les antipaludéens de synthèse, prescrits successivement dans toutes les zones d’endémie, ont suscité l’apparition de formes résistantes et multirésistantes avec, au sein des populations, des accès plus fréquents et plus meurtriers.
    Les derniers produits en date, les dérivés de l’artémisinine, principe isolé d’une plante chinoise, ont été présentés comme un recours. Mais à leurs effets indésirables viennent déjà s’ajouter les phénomènes de résistance qui étaient logiquement prévisibles. De nouveaux antipaludéens de synthèse ne feraient qu’amplifier la force du fléau.

    Les moustiquaires imprégnées d’un insecticide répulsif ne peuvent apporter une solution durable. De plus, il n’est pas indifférent de respirer au fil du temps, à longueur de nuit, des émanations dont on ne peut encore mesurer l’impact sur la santé.

    Le champ d’action contre le paludisme apparaît dépourvu de tout horizon dans le cadre de la médecine officielle.

    3- Le sida ne cesse de progresser depuis son émergence qui remonte à plus d’un quart de siècle. Les antirétroviraux présentés comme la seule thérapeutique possible ne l’ont pas entravé.

    Très toxiques, ne préservant pas des maladies opportunistes, non curatifs et de surcroît polluants, ils n’en continuent pas moins d’être prescrits. On considère comme un exploit la prise en charge de trois millions de malades dans les pays du Sud.

    Les antirétroviraux, solution provisoire qui n’a que trop duré, témoignent des déficiences d’une médecine qui impose ses directives à travers le monde et qui persiste à ignorer les capacités d’autres savoirs médicaux.

    Ce bilan établi, que reste-t-il au Fonds Mondial de lutte contre la tuberculose, le paludisme et le sida, pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, sinon les ressources financières péniblement collectées. Mais l’argent n’a de valeur qu’au service d’options justes, les conditions n’en sont pas réunies.

    Dans ce contexte sanitaire, deux attitudes se révèlent paradoxales. Elles concernent la médecine officielle et les pays disposant de médecines autochtones.
    La médecine officielle, malgré ses lacunes, continue de piétiner les mêmes ornières. Elle ne cherche pas d’issue de secours. Coupée des ressources de la nature, elle n’aperçoit aucune alternative. La chimie considérée comme le fleuron de la thérapeutique aboutit à une impasse.

    Les pays où demeurent des médecines traditionnelles très vivantes n’engagent aucune initiative. L’inertie, l’immobilisme face aux dangers, persistent. L’attente de secours problématiques venus de l’extérieur entraîne de lourdes conséquences. Le mirage trompeur de l’Occident ne s’est pas encore effacé.

    En conclusion, le fonds Mondial qui s’appuie sur des bases thérapeutiques « chancelantes » ne peut atteindre les objectifs qu’il s’était fixés
    Pour les pays du Sud, le chemin salvateur consisterait en l’abandon de l’assistanat. La prise en charge de leur destin, en puisant dans leurs propres capacités médicales et en la réorganisation de leurs systèmes de santé.

    La maîtrise des grands fléaux sanitaires à plus ou moins court, moyen ou long terme nécessite impérativement la participation de toutes les médecines du monde.

    Dr Yvette Parès

    Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992

    Dr ès-science

    Dr en médecine

    Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992

    Directrice de l’Hôpital traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003

    Un article du site : Pour une médecine écologique
    https://medecine-ecologique.info/article.php3?id_article=139