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Pourquoi je ne soutiendrai plus le MDRGF
mercredi 2 juin 2010 , par Christian Portal Le MDRGF (Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures) poursuit des buts très nobles pour lesquels je ne pouvais que me sentir investi. L’essentiel de l’action de ce mouvement est tourné vers la lutte contre les pesticides agricoles et, accessoirement, contre quelques toxiques emblématiques comme le bisphénol A. Le MDRGF a acquis une compétence et une crédibilité incontestables qui l’ont placé au cœur du Grenelle de l’environnement. J’avais d’ailleurs choisi de soutenir ce mouvement, tant en participant aux réunions, en relayant leurs actions et, bien sûr, en payant ma cotisation. J’avais également participé, depuis le début, à la mise en place de l’ACAP (Action Citoyenne pour une Alternative aux Pesticides). Néanmoins, je reprochais à ce mouvement, comme à de nombreux autres, hélas particulièrement influents, de n’avoir qu’une approche environnementale au détriment d’une véritable pensée écologiste. De plus, leur spécialisation sur le domaine des pesticides semblait leur interdire toute participation à d’autres combats connexes. C’est ainsi que j’ai eu le regret de constater leur absence d’implication dans la démarche que j’avais entreprise pour une médecine écologique. En effet, j’ai peine à comprendre qu’on puisse être opposé aux pesticides et accepter ou, tout au moins, ne pas prendre position sur les médicaments humains. Il ne fut d’ailleurs pas oublier que ces produits sont également utilisés massivement dans l’élevage industriel. Cette position est d’autant plus incompréhensible, que les industriels qui fabriquent les pesticides préfèrent les appeler "des médicaments des plantes", ce qui montre bien la convergence de pensée. On retrouve donc l’ensemble de ces substances, médicaments et pesticides, dans l’eau des rivières et, sans doute également, dans celle du robinet. Ce type de stratégies présente deux conséquences : d’une part, sur le plan environnemental, quelque soit l’origine des éléments toxiques, on les retrouve dans notre consommation et ils nous empoisonnent, d’autre part, on laisse entendre qu’il existe différents degrés dans l’appréciation des toxiques. Ainsi, il existerait des produits dont on considère qu’ils sont potentiellement toxiques mais, compte-tenu de leur destination, ils deviendraient vertueux. Ainsi, les médicaments pourraient être considérés comme des pesticides vertueux. Or, les pesticides et les médicaments sont fabriqués par les mêmes groupes industriels. Ce sont les mêmes pensées, les mêmes financements et les mêmes techniques qui sont en œuvre. Ce qui finit par être insupportable dans cette affaire, c’est le mode "par le petit bout de la lorgnette" par lequel ces ONG traitent ce type de questions. Ainsi, un produit chimique n’est plus étudié à la lumière de sa toxicité mais selon le contexte dans lequel il est utilisé. Pour schématiser, une substance produite par de méchants chimistes et utilisée par de vulgaires péquenots, est forcément malsaine et doit être éradiquée. Par contre, si une substance similaire est fabriquée par de nobles pharmaciens et mise en œuvre par de merveilleux médecins, alors il n’y a rien à dire et cette industrie peut continuer de fabriquer des dizaines de milliers de médicaments inutiles et mal maîtrisés.Ceux-ci continueront de faire les ravages qu’on connait directement sur les malades [1] et sur l’environnement (l’eau profondément polluée par des substances de plus en plus nombreuses et à des volumes de plus en plus importants). le problème de ces structures est leur capacité à se spécialiser et à générer des lieux de pouvoir. C’est ainsi que certaines personnes dont la compétence n’a pas toujours été reconnue dans leur milieu d’origine trouve ici le moyen de s’exprimer et d’obtenir une reconnaissance sociale. Il suffit de constater de nombre de minutes de télévision auxquelles ont accédé, par exemple André Cicolella ou François Veillerette. Mon propos n’est pas de dire que la seule motivation de ces derniers soit de passer à la télé mais cette reconnaissance finit par imposer une normalisation. Il est nécessaire de ne pas déborder ni de sortir du discours dans lequel on est attendu. Ainsi des associations qui ont pour but de défendre des principes écologiques, finissent par avoir des comportements exclusifs, donc des conduites anti-écologiques. Depuis de nombreuses années, je recherche toutes les solutions pour faire avancer la démarche écologique dans la société et plus particulièrement dans le domaine de la santé. C’est pour cela que j’ai participé aux travaux de l’Alliance pour la planète au moment du Grenelle de l’environnement. J’avais proposé d’intégrer la pollution de l’eau par les médicaments dans les discussions générales. Bien évidemment, cette proposition a été balayée d’un revers de main sans autre explication que de dire que la question avait déjà été débattue et tranchée. Parce que je pressentais que les débats du Grenelle allaient s’enliser dans des batailles de procédures, dans l’établissement de normes par des experts ou sur les choix du calendrier des mesures, j’avais proposé une seule action qui, dans sa radicalité, aurait permis de se battre en rangs serrés, quelques soient les spécificités de chaque groupe. J’avais proposé, puisque l’expression était à la mode, de créer un "droit opposable" à la pollution. Ce principe aurait permis de déclencher des procédures judiciaires devant tout manquement. Cela aurait placé tous les pollueurs devant la même responsabilité et personne n’aurait pu se retrancher dernières des normes ou des calendriers. Bien sûr, j’ai conscience que la mesure était intenable et, sans doute, nous n’aurions rien obtenu. Hélas, ceux qui pensent avoir obtenu quelque chose de tangible ont perdu sur toute la ligne de l’intérêt général. Toutes les avancées du Grenelle1 ont été grignotées par les textes d’application ou par les effets de la crise (qui tombe à point nommé). Quand je dis que les acteurs ont perdu sur toute la ligne, je fais, bien sûr, omission des avantages personnels. Certains sont maintenant députés européens, conseillers régionaux, élus locaux, d’autres sont confirmés dans leur mission auprès de leurs ONG. Bref tous ont gagné en notoriété mais, en fin de compte, rien, ou presque, n’a changé. Depuis la mise place de REACH [2], j’avais dit qu’il s’agissait d’une imposture. On m’avais évidemment rétorqué que c’était une formidable occasion d’évaluer toutes les substances et de contrôler, enfin, notre environnement. Il fallait être bien naïf pour imaginer que les industriels se plieraient à cette exigence et, quand bien même ils le feraient, on aurait à faire à des batailles d’experts comme on le voit actuellement en matière de téléphonie mobile. On a même produit une étude qui démontre que l’usage du portable protège du cancer du cerveau ! Pour finir, quelles sont les raisons d’un tel billet d’humeur ? En recevant la lettre n° 18 du MDRGF, je constate qu’on ronronne dans une lutte contre les pesticides alors que rien ne change et ne changera par ce type de pression. Même avec de plus gros moyens, cette ONG restera un nain face aux énormes enjeux et aux colossales machines qui sont en face. De plus, ils montrent qu’ils n’ont rien compris aux questions de santé en poursuivant toujours les mêmes démarches de santé environnementale. Ils sont soutenus dans cet effort par des médecins qui sont tous responsables, et les cancérologues en première ligne, des pollutions massives des rivières. La médecine conventionnelle constitue le cheval de Troie de l’industrie chimique. Puisque ces ONG semble n’avoir rien compris à la problématique écologique et parce qu’elles préfèrent une lutte complaisante, d’un caractère durable, à une lutte dure, destinée à ne pas s’installer, et parce que, au fond, il n’y a sans doute rien à attendre de la lutte, il me semble qu’il n’y a qu’une seule attitude à avoir : défendre et favoriser le développement des offres écologiques en matière d’agriculture et d’alimentation, de soins, de transport, de logements, de vêtements et d’économie. Il faut également, dans le même temps, promouvoir la demande afin de favoriser l’établissement de ces offres. Comme la promotion dans le domaine de la santé n’est pas à l’ordre du jour, il faut s’attacher à défendre la liberté thérapeutique, qu’elle soit du côté du praticien ou de celui du consommateur. Pour cela, il faut avoir compris que ce combat n’a pas de limite ni dans le temps ni dans l’espace et qu’il ne doit pas être accaparé par des organisations qui défendent la seule durabilité qui soit, c’est-à-dire, celle de leur propre existence. [1] 13 000 morts par an en France ; c’est le chiffre reconnu par l’INSERM. Autant dire que c’est certainement plus, compte-tenu de l’absence de transparence sur ces sujets. [2] REACH - enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques. REACH est le règlement sur l’enregistrement, l’évaluation, l’autorisation et les restrictions des substances chimiques. Il est entré en vigueur le 1er juin 2007. REACH rationalise et améliore l’ancien cadre règlementaire de l’Union européenne (UE) sur les produits chimiques. Les principaux objectifs de REACH sont d’assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et l’environnement contre les risques que peuvent poser les produits chimiques, la promotion de méthodes d’essai alternatives, la libre circulation des substances au sein du marché intérieur et de renforcer la compétitivité et l’innovation. REACH fait porter à l’industrie la responsabilité d’évaluer et de gérer les risques posés par les produits chimiques et de fournir des informations de sécurité adéquates à leurs utilisateurs. En parallèle, l’Union européenne peut prendre des mesures supplémentaires concernant des substances extrêmement dangereuses, quand une action complémentaire au niveau européen se révèle nécessaire. Répondre à cet article5 Messages |
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