Actuellement, chaque fois que l’on parle de progrès en médecine, il s’agit toujours de progrès technologiques. Une instrumentation en chirurgie, un nouveau procédé d’investigation diagnostique, un nouveau médicament, mais en aucun cas, un progrès médical. Il faut entendre par progrès médical, l’idée que le médecin est en mesure de mieux comprendre le processus qui est à l’origine de la maladie, et ainsi de mieux être capable d’agir.
La médecine moderne décrit de plus en plus finement ce qui ce passe dans le corps du malade, mais cette description ne dit rien du processus à l’origine du désordre pathologique et encore moins la façon d’agir pour corriger le problème et restaurer la situation initiale.
Actuellement, devant un malade, le médecin a absolument besoin de technologie pour définir la maladie -scanner, IRM, analyses médicales, etc.-, mais aussi pour traiter - chirurgie, radiothérapie, ou chimiothérapie. De plus, cette action technologique est toujours déléguée, à une équipe chirurgicale, à des radiothérapeutes, à une industrie pharmaceutique, etc. Le médecin, seul, est le plus souvent impuissant. Ainsi, le maintien de la santé dans notre société est à la merci d’un effondrement technologique.
De même, l’agriculture est à la merci de l’augmentation du prix du pétrole. On sait maintenant -Yves Cochet l’a démontré à propos du "Pic de Hubert"- que si le prix du pétrole augmente, ce sont les engrais, les pesticides, le chauffage des serres, l’énergie motrice qui vont gravement pénaliser cette économie agricole, dont on sait qu’elle est déjà subventionnée à l’extrême limite du raisonnable. Or cette augmentation n’est sans doute pas seulement une hypothèse, mais vraisemblablement une situation inévitable qui pourrait mettre en faillite l’ensemble du système.
De même, notre économie ne pourra pas échapper à un choc technologique qui sera le résultat vraisemblable d’un brutal coup de frein nécessité par une décroissance rendue inéluctable par nos propres excès et par ceux à venir de la Chine et de l’Inde. Dès que ces deux pays auront augmenté encore leur production, nos économies seront ruinées par l’augmentation du prix des matières premières, le différentiel des coûts de main d’œuvre et le formidable volume de produits généré par ces deux géants sur le plan démographique.
Tous les indicateurs montrent que notre santé va nous coûter plus que nous ne pouvons déjà payer. Il apparaît évident que nous arriverons à un point où nous ne pourrons plus nous payer la médecine que nous sommes en train de fabriquer. Que fera le médecin s’il ne peut plus prescrire des examens et s’il doit se contenter d’anciens médicaments ? Et s’il n’a plus de médicaments disponibles ou si le patient n’a plus les moyens de les payer ? Car il ne faut pas se faire d’illusions, tout le monde ne sera pas à égalité devant les désordres qui s’annoncent. Les solidarités actuelles exploseront devant l’ampleur des problèmes. Cela a déjà commencé à se produire.
Il faut que la médecine retrouve la capacité à des analyses fondées sur les capacités humaines, l’observation, l’auscultation, l’écoute du patient, le relevé des signes, la palpation, etc. Les médecines traditionnelles offrent des possibilités très importantes grâce aux plantes ou aux techniques manuelles. Même l’homéopathie si elle se montre capable de s’affranchir de la tutelle de la médecine occidentale peut offrir des solutions thérapeutiques non coûteuses et dont les productions peuvent être réalisées par des pharmaciens avec des moyens même rudimentaires.
Les mouvements politiques vers une sobriété économique montrent la voie à suivre. Il ne s’agit pas de retour en arrière, mais à terme, il est clair que nous ne pourrons pas continuer comme cela. De plus, nous devrons apprendre la sobriété dans la consommation et dans les moyens à mettre en œuvre. Pour rester en bonne santé, il ne faut pas seulement agir pour soigner, mais avant tout développer des conduites alimentaires, environnementales, émotionnelles, relationnelles et spirituelles.